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Après la BD et les Comics, que sont ces “Cellulos” qui bousculeront le marché de l’art ?

Après la BD et les Comics, que sont ces “Cellulos” qui bousculeront le marché de l’art ?

En Europe, la culture populaire est reconnue sur le marché de l’art depuis la fin du 20ème siècle et la première grande vente aux enchères de Bande Dessinée organisée en 1989 chez Drouot (Paris). 30 ans plus tard, le 9ème art bat régulièrement ses propres records de vente avec, comme fer de lance, la licence Tintin. Des pages originales dessinées par Hergé se sont ainsi adjugées pour 2,6 millions d’euros (estimées à 800K €) en mai 2014 chez Christie’s (New York) et 1,55 millions d’euros chez Artcurial (Paris) en novembre 2016. Aux USA, ce ne sont pas les œuvres originales et uniques qui battent des records, car elles sont jalousement gardées chez les éditeurs, mais plutôt les tirages rares ou cultes, comme le n°1 d’Action Comics (1938) consacré à Superman, tiré à 200.000 exemplaires dont seulement 50 seraient encore de ce monde (vendus à 10 cents l’unité), dont un exemplaire fut vendu sur Ebay à environ 2,2 millions de dollars en décembre 2011, suivi d’un autre (en parfait état pour celui là) pour 3,2 millions de dollars en août 2014.

 

Un nouvel entrant sur marché de l’art, les Cellulos : Disney loin devant

 

Suivant le même chemin que la BD et les Comics, les Cellulos s’apprêtent à bousculer le marché de l’art “pop-culture”, même si pour l’instant les meilleures pièces ne sont pas encore très chères avec seulement quelques dizaines de milliers d’euros pour les plus précieuses (les Disney) et les mieux conservées. Si, les cellulos, ces feuilles de plastiques recouvertes de peinture, ont servit à animer les dessins animés pour le cinéma et la télévision depuis les années 20 jusqu’à la fin des années 90, elles ne virent jamais le passage au 21 ème siècle. Leur fin étaient déjà annoncée, lorsque les studios Disney apportaient la dernière touche au film la Petite Sirène (1989), le dernier long-métrage de la compagnie réalisé entièrement en cellulos, c’est à dire dessiné ET peint à la main. À partir de cette date, ce sont les ordinateurs qui furent le support des artistes pour dessiner et peindre les différents calques d’animation des longs-métrages de la société. Le premier Disney sans cellulos sera Bernard et Bianca au pays des kangourous (1990) et cela ne lui portera pas chance au box-office, pourtant peu après la Belle et la Bête (1991), lui aussi tout “numérique” sera oscarisé et bénéficiera même de la première scène en images de synthèse générée par des calculs d’ordinateurs (la scène de la salle de bal). En moins de dix ans, la révolution informatique touchera tous les studios, qu’ils produisent des films ou des séries et ce dans tous les pays. La magie de l’animation traditionnelle, du dessin et de la peinture à la main devait disparaître devant les gains de productivité colossaux que proposaient l’informatisation.

 

Pratiquement tous les films et les séries du 20 ème siècle ont été réalisés à partir de cellulos. Suivant leur popularité ils peuvent se vendre entre quelques dizaines et quelques milliers d’euros, les plus chers étant évidemment ceux des films Disney qui s’arrachent pour parfois plusieurs dizaines de milliers d’euros dans les ventes publiques sur Ebay, ou Heritage Auctions ou en privé auprès des collectionneurs. Les cellulos peuvent être utilisés pour créer des objets publicitaires comme des posters, couvertures de livres, cartes postales et même des illustrations de jouets.

 

Des œuvres d’art conservées comme des trésors ou détruites comme des déchets

 

Sur un peu moins d’un siècle, plusieurs centaines de dessins animés et de films d’animation ont été animés sur le support celluloïde. Il fallait, à raison de dizaines de cellulos par secondes (12 pour les séries, 24 pour les films), plus de 14.000 cels pour un épisode de vingt minutes et près de 130.000 pour un film d’une heure trente. De plus chacun de ces cellulos nécessitait plusieurs dessins préparatoires au crayon sur du papier afin de définir le tracé, les ombres et le mouvement. Ce sont donc des millions de documents qui ont été produits, si une belle partie d’entre eux ont fini à la benne dans les la plupart des studios d’animation (par manque de place et de moyens de conservation), Disney, encore une fois, a su se montrer exemplaire en stockant son héritage dans une “morgue” sous ses studios pour préserver ses pièces les plus précieuses. Ce véritable coffre fort a déménagé plusieurs fois jusqu’à avoir son propre bâtiment, c’est maintenant la Disney Animation Research Library dont le taux d’humidité est maintenu artificiellement pour permettre la meilleure conversation possible de ces créations inestimables. Disney estime détenir 65 millions d’œuvres d’art dans ce seul lieu, à disposition de ses employés pour qu’ils puissent étudier les œuvres du passé.

 

Qui sont les acheteurs : des collectionneurs passionnés ou déjà des spéculateurs ?

 

Pour le moment la spéculation n’a pas encore pris pied sur ce marché, ce sont toujours des collectionneurs passionnés qui sont à la manœuvre. Il y a trois grand marchés dans le monde : les américains du nord qui collectionnent avant tout du Disney, les séries américaines des studios Warner, Hanna Barbera, Filmation, Tex Avery, DIC et évidemment l’incontournable Dragon Ball Z bien que la diffusion US avait 7 ans de retard sur le Japon. En Europe, ce sont les cellulos d’animes japonais qui se collectionnent intensément, grâce à la locomotive qu’à été le Club Dorothée dans les années 90 et des chaînes privées latines qui multi-diffusaient des dizaines de séries chaque année. On retrouve ainsi dans le peloton de tête chez les collectionneurs français, belges et suisses : les séries Dragon Ball, les Chevaliers de Zodiaque (Saint Seiya) et Nicky Larson (City Hunter). La France est d’ailleurs un pays à part dans ce domaine, étant le 2ème marché du manga après le japon, la culture japonaise y est très appréciée depuis le début des années 90 et les collectionneurs de cellulos y sont très actifs, parfois aussi bien pourvus en pièce rares que les fans japonais. Au Japon, depuis la démocratisation d’internet, une exportation massive des cellulos est en cours, principalement vers l’Europe et les USA. Grâce à des intermédiaires locaux ce marché pourtant très fermé laisse filer une partie de son inestimable patrimoine pop-culturel vers les collectionneurs du monde entier, pour le meilleur et pour le pire. Seules les productions du Studio Ghibli se vendent très peu hors du japon car leur prix est déjà inabordable (entre plusieurs milliers et dizaines de milliers d’euros suivant les pièces), le statut du réalisateur Hayao Miyazaki étant proche de celle d’un dieu vivant au pays du soleil levant.

 

Pour consulter les galeries de cellulos de collectionneurs du monde entier : Rubberslug.com. Pour rejoindre la communauté francophone des collectionneurs de cellulos : Cel-City.com

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